Mes collages naissent souvent d’une histoire d’amour, une connexion avec un document d’archives. La tension émotive bouleversante qu’on ressent lorsqu’on consulte les carnets de notes de Freud, les illustrations botaniques de Pierre-Joseph Redouté, la correspondance de Sartre et Beauvoir, tout ça est tellement émoustillant.
Les archives sont aussi des traces de la mémoire du quotidien, elles figent dans le temps le passage des peuples et des cultures. C’est ce qui est le plus émouvant. Il y a tellement de merveilles qui dorment sur les tablettes que j’ai eu envie de faire quelque chose avec ça.
Je combine mes trouvailles à du papier fait main. Je me sers de vieux vêtements en coton, en lin et de plantes. La fibre est déchiquetée et ramenée à sa forme initiale avant d’être retransformer en papier. Le papier, remplacé par le numérique, fait de moins en moins parti de notre quotidien. J’aime penser que son usage pourrait revenir à ses premiers amours, un matériau noble utilisé que pour les choses importantes. Comme l’Art !
Ce que j’ai envie de raconter, c’est la beauté. Les hasards heureux, la nature aux couleurs infinies. Les idées loufoques qui nous permettent de tisser des liens entre nous, de créer des connexions impromptues. Et je me dis qu’en collant des morceaux de réels pour montrer un idéal du monde, rappeler son unicité et ses merveilles, ça donne peut-être envie d’y croire, à un monde meilleur, de mettre les efforts pour le préserver et tendre vers cette vision.
En mélangeant des éléments éloignés les uns des autres, par le temps, les cultures, les saisons, les couleurs, des chocs se produisent et souvent, des esthétiques intéressantes apparaissent. Quand il en ressort quelque chose qui fonctionne, j’ai toujours un petit sentiment de victoire. Comme quoi les différences ne sont pas une barrière à la cohabitation. L’harmonie peut éclore dans des palettes auxquelles on ne s’attend pas.
La création est aventure, elle est jeunesse et liberté.
– Simone de Beauvoir, la force des choses.